La rue Cases Nègres – Jospeh Zobel

La rue Cases Nègres de Jospeh Zobel est un incontournable de littérature antillaise. Ce livre est à la Martinique ce que l’œuvre de Pagnol est à la Provence. Un récit de vie poignant prenant place dans la Martinique des années 30-50 nous contant sans détours les conditions de vie des martiniquais dans les zones rurales. L’esclavage a été aboli il y a près d’un siècle et pourtant, les inégalités entre les « nègres » et les « békés » demeurent bien ancrées.

Au fil des pages nous suivons les aventures de José, depuis l’enfant naïf de la rue Cases Nègres, et des plantations de cannes à sucre où s’épuise quotidiennement sa grand-mère «M’man Tine», au village où il découvrira l’école et un goût prononcé pour la littérature, puis au jeune homme de la ville en proie à des prises de conscience, se questionnant sur ses choix de vie et ceux de ses compatriotes, dans une Martinique qui semble être fracturée.

Je ne suis pas une grande fan des récits écrits au présent, et pourtant, je me suis laissée emporter par cette lecture haute en couleur et riche en émotions. La Rue Cases Nègres C’est également une ode à la vie, une ode à la grand-mère de José qui l’a élevée comme son fils et qui s’est sacrifiée pour faire de lui une personne instruite et lui épargner ainsi, le dur labeur de la vie dans les champs. Je n’ai pas pu m’empêcher d’imaginer mon grand-père à la place de José et la vie similaire qu’il a sans doute pu mener à la même époque. C’est avec un pincement au cœur que j’ai refermé ce livre qui prend une tout autre saveur lorsque l’on vit sur l’île.

Résumé & Citation :

«Quand la journée avait été sans incident ni malheur, le soir arrivait, souriant de tendresse.
D’aussi loin que je voyais venir m’man Tine, ma grand-mère, au fond du large chemin qui convoyait les nègres dans les champs de canne de la plantation et les ramenait, je me précipitais à sa rencontre, en imitant le vol du mansfenil, le galop des ânes, et avec des cris de joie, entraînant toute la bande de mes petits camarades qui attendaient comme moi le retour de leurs parents.
M’man Tine savait qu’étant venu au-devant d’elle, je m’étais bien conduit pendant son absence. Alors, du corsage de sa robe, elle retirait quelque friandise qu’elle me donnait : une mangue. une goyave, des icaques, un morceau d’igname, reste de son déjeuner, enveloppé dans une feuille verte; ou, encore mieux que tout cela, un morceau de pain… Derrière nous apparaissaient d’autres groupes de travailleurs, et ceux de mes camarades qui y reconnaissaient leurs parents se précipitaient à leur rencontre, en redoublant de criaillerie.»

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